Cet argument paraît plausible de prime abord ; cependant, il n'est rien de plus qu'une spéculation hypothétique, et il n'est pas seulement dénué d'une base scripturaire, mais il semblerait contredire tous les usages scripturaires du don dans le Nouveau Testament. Pas une fois nous ne trouvons d'exemple du parler en langues utilisé pour instruire les croyants dans le Nouveau Testament. Au contraire, nous lisons dans 1 Corinthiens 14.2 que ceux qui parlaient en langues ne parlaient pas aux hommes mais à Dieu. Il ne devaient pas non plus parler en langues dans l'église à moins qu'une personne possédant le don d'interprétation ne soit présente, afin que toutes les personnes présentes puissent dire « Oui » et « Amen » aux bénédictions et aux actions de grâces offertes à Dieu.
L'usage du don des langues dans les Écritures n'a jamais été associé avec l'enseignement de la vérité de Dieu à l'Église. Il ne pourrait donc pas y avoir de relation entre la cessation du don des langues et la complétion du canon des Écritures. Une des règles d'or de l'interprétation des Écritures est d'examiner le texte à la lumière de son contexte. Pour connaître le texte, lisez le contexte. Le contexte de 1 Corinthiens 13 est la suprématie de l'amour. Il est suprême sur la pratique du don des langues, qui sont nulles sans l'amour (versets 1-3). L'amour est ensuite défini aux versets 4-7, puis le fait que l'amour ne succombe jamais est déclaré aux versets 8-12, montrant qu'il va durer plus longtemps que les langues, les prophéties et la connaissance. Enfin, au verset 13, la trilogie perpétuelle de la foi, de l'espérance et de l'amour est présentée, précisant que l'amour est suprême. Le contexte immédiat est la nature indéfectible de l'amour en contraste avec les prophéties (qui seront abolies), les langues (qui vont cesser) et la connaissance (qui sera abolie). Les prophéties et la connaissance sont partielles, mais quand ce qui est parfait sera venu, nous n'aurons plus de vision confuse, mais nous verrons face à face. Notre connaissance ne sera plus une connaissance partielle, mais complète, parce que nous connaîtrons alors comme nous sommes connus.
L'idée que le mot grec teleios, traduit par le mot « parfait », se réferrait au canon des Écritures au complet n'est pas venu à l'idée de quelques uns des plus grands érudits de grec du siècle dernier. Il s'agit plutôt d'une invention ou d'une création récente pour contrer le mouvement moderne des langues. Thayer, dans son lexique grec-anglais, dit de teleios tel qu'utilisé dans 1 Corinthiens 13.10 : « L'état parfait des choses qui accompagneront le retour de Christ des cieux. » Alford, dans son Nouveau Testament pour les Lecteurs Anglais, en dit : « Au moment de la venue du Seigneur et ensuite. » Quand la seule base scripturaire pour le rejet de la validité des langues repose sur une interprétation si douteuse et fragile du mot grec teleios, arraché du contexte où il est utilisé, il faut vraiment remettre en question l'honnêteté d'exposition de cette érudition. Pour être affable, je dirais que dans le meilleur des cas il s'agit d'un aveuglement préjudiciable -- pas du tout académique ou concluant.
Il faut aussi noter qu'il était dit dans 1 Corinthiens 13.8 qu'en même temps que la cessation des langues, les prophéties et la connaissance seraient elles aussi abolies. Y a-t-il quelqu'un qui soit prêt à admettre que Dieu ne parle plus à l'Église pour l'édifier, l'exhorter ou la consoler ? La connaissance a-t-elle disparu ? Les Écritures déclarent que nous connaissons partiellement. Certains prétendent avoir une connaissance parfaite, mais je doute sérieusement de leurs prétentions. Nous ne connaîtrons pas tels que nous sommes connus jusqu'à ce que Christ revienne.